Transverses
Site d'information sur les enjeux de l'élevage et du pastoralisme en Afrique de l’Ouest et du Centre
Resource hub on the challenges of livestock breeding and pastoralism in Western and Central Africa
© photo : Frédérique Chapuis
Abdoulaye Guidadje, un boucher dévoué
Portrait
Abdoulaye Guidadje est boucher au Togo depuis 35 ans. Il vend de la viande de bœuf au Grand marché de Lomé. Responsable des bouchers de la place «Bazouna», Abdoulaye a le goût du travail. Portrait !
Du père en fils, la passion du métier est bien transmise. Chez les Guidadje, la boucherie est une affaire de famille. « Je suis fils d’un boucher. Mon grand-père était un boucher. Ce sont nos arrières grands-parents qui ont amené le métier de boucher au Togo », martèle hardiment cet originaire du Nigéria.
Artisan et véritable professionnel, Abdoulaye manipule la viande avec minutie et finesse. Il dessert aussi bien les particuliers que des grossistes. Rencontré devant son étal, l’homme décrit son travail en deux mots : « rigueur et ponctualité ». « Tout commence la veille. Nous allons à Adétikopé (Banlieue de Lomé) pour acheter les bœufs. Nous faisons un choix rigoureux. Il faut scruter l’animal de près. On doit s’assurer qu’il a suffisamment grandi en bonne santé et qu’il a une bonne tonicité», informe-t-il. Et de continuer : « Après avoir acheté les bœufs, vers 16 heures, nous les amenons à l’abattoir. Le lendemain matin à 6h, nous y retournons. Les bêtes, ici, sont uées par des personnes expérimentées, sous la surveillance des vétérinaires accrédités par l’État. Déjà à 9h, la viande est disponible sur nos étals à la place Bazouna. »
Un périple assez dur et fatiguant qui pourtant n’a jamais démotivé Abdoulaye. « Ce n’est pas du tout repos notre métier. C’est une profession qui demande un engagement important en temps. Mais je n’ai jamais eu envie d’abandonner », affirme le boucher, qui ajoute que le métier présente aussi « des risques ». « En contact permanent avec des objets tranchants, le boucher peut parfois se blesser», mais relativise-t-il «c’est le risque du métier. On ne peut pas s’en passer ».
Étant au service du client, ce professionnel de la viande a le sens du contact. Comme le confirment deux de ses fidèles clientes, il est sociable, convivial et respectueux afin de créer un climat de confiance. « Cela fait environ 5 ans que j’achète de la viande chez Abdoulaye. Ce que j’aime chez lui, c’est sa façon de traiter les clients. Il est drôle. Il aime converser. Il fait tout pour que tu reviennes », témoigne Mawoussé. Quant à une autre de renchérir : « J’achète chez lui parce qu’il vend de la qualité et respecte ses clients ».
Chez Abdoulaye, l’hygiène et la propriété sont les maitres mots
Dans le cadre de son métier, le boucher est amené à manipuler de la viande. Il est donc primordial qu’il s’assure que son lieu de travail et ses différents équipements soient toujours propres. Ceci Abdoulaye l’a visiblement compris. L’homme connait et applique les mesures d’hygiène indispensables à son travail. Il explique : « Mes ustensiles sont nettoyés quotidiennement. Je veille au grain à la propreté de mon étal. Aussi les restes de la viande sont-elles soigneusement stockées et bien conservés pour éviter toute contamination, afin de fournir à la population une viande propre à la consommation ». Pour lui, la question d’hygiène est inhérente à la profession. A cet effet, il interpelle, ses collègues « à faire de la propriété une priorité ».
Outre les questions d’hygiènes, Abdoulaye a un autre sujet qui lui tient vraiment à cœur. Il s’agit de l’intrusion dans la profession des « démarcheurs ».
« Ces intermédiaires nous pourrissent la vie »
L’entrée des démarcheurs dans la profession a tout changé. Selon Abdoulaye, le travail de boucher qui autrefois était bien rentable ne l’est plus aujourd’hui, à cause de l’attitude de ces « véreux intermédiaires ». « Dans le temps, quand les éleveurs amènent les bœufs, ils nous les revendent directement. Et l’activité est bien rentable. Mais aujourd’hui cela ne se passe plus de cette manière. Les démarcheurs sont venus compliquer les choses. Ils achètent les bœufs auprès des éleveurs et nous les revendent extrêmement cher. Ce sont eux qui nous pourrissent la vie. Nous n’avons plus la possibilité d’acheter directement chez les éleveurs. On doit forcément passer par eux. Il y a de cela quelques années, quand on tue un bœuf, on gagnait jusqu’à 60000 CFA. Mais aujourd’hui, si on gagne bien, c’est 30000 FCFA. Parfois même on perd. », regrette-t-il.
Face à une situation qui s’apparente à de l’escroquerie, Abdoulaye exhorte l’autorité de prendre les choses en main : « L’État doit intervenir pour recadrer ces démarcheurs ! ».