Transverses
Site d'information sur les enjeux de l'élevage et du pastoralisme en Afrique de l’Ouest et du Centre
Resource hub on the challenges of livestock breeding and pastoralism in Western and Central Africa
© photo : Gilles Coulon/Tendance Floue
De l’impact de la mobilité sur l’économie locale
Questions à Mr Djisnaba Amadou Karim
En marge de la conférence sur les enjeux de la transhumance et le commerce du bétail, en Afrique de l’Ouest qui s’est tenue à Lomé le 19 février 2019, Mr Djisnaba Amadou Karim développe la mise en place de concertations : « Les collectivités ont compris maintenant l’importance de l’agropastoralisme qui est devenu l’affaire de tous. »
Questions à monsieur Djisnaba Amadou Karim, Président du comité cantonal de Cinkassé (Togo), rencontré en marge de la conférence qui s’est tenue à Lomé sur les enjeux de la transhumance et le commerce du bétail, en Afrique de l’Ouest.
Vous vivez dans la ville de Cinkassé, qu’a-t-elle de particulier ?
M. Djisnaba : Cinkassé est l’une des 39 préfectures du Togo. Elle se situe au nord dans la région des savanes, à 650 km de Lomé. Elle fait frontière avec deux pays : le Ghana et le Burkina Faso. Elle se caractérise par son grand marché de bétail qui fait vivre la grande majorité de la population. Les bénéficiaires sont l’ensemble de la population, grâce aux taxes collectées qui sont versées au niveau de la collectivité locale et réinvesties dans les secteurs de l’éducation, de la santé, de l’accès à l’eau potable.
Quel est le modèle de gestion mis en place ?
M. Djisnaba : Nous avons créé une interdépendance et une convention entre collectivités et partenaires à travers le CGIRA pour une gestion transparente et efficiente des recettes. Il faut saluer aussi l’appui des partenaires que sont l’UEMOA, Acting For Life et tous les autres acteurs qui nous accompagnent, tels que GIRAPAF qui a formé les acteurs locaux qui sont chargés de la gestion.
Y a-t-il des conflits dans la zone de Cinkassé ?
M. Djisnaba : Auparavant, il y en avait, oui. Mais aujourd’hui cette filière du bétail n’est plus source de conflits mais plutôt de revenus. Les collectivités ont compris maintenant l’importance de l’agropastoralisme qui est devenu l’affaire de tous, et c’est pourquoi nous devons toujours continuer à sensibiliser les communautés. Nous avons créé des pistes balisées qui sont des couloirs de passage pour le bétail entre les communes de Cinkassé, Tandjouaré et Dapaong. Mais aussi mis en place un cadre de concertation afin d’impliquer tous les acteurs et d’amoindrir les problèmes, et cette structure nous permet de discuter et de passer au peigne l’ensemble des préoccupations. Dans l’avenir nous projetons d’impliquer d’autres préfectures comme celle de Loti.
Comment vous avez fait pour arriver à ce consensus ?
M. Djisnaba : C’est un travail de longue haleine et je félicite nos partenaires qui nous ont permis de mener d’intenses activités de sensibilisation. Tous les acteurs ont été impliqués dans ce processus ; agriculteurs, pasteurs, les leaders d’opinion, ainsi que tous les dirigeants locaux.
Que faites-vous pour la durabilité ?
M. Djisnaba : Avec le cadre de concertation mis en place nous travaillons chaque jour à prendre les dispositions pour une durabilité de l’action et c’est pourquoi avec les partenaires les capacités des acteurs ont été renforcées pour être à même de mieux gérer les taxes collectées afin d’éviter que les fonds ne soient dilapidés comme auparavant.
Quel appel lancez-vous aux acteurs ?
M. Djisnaba : D’abord je voudrais rassurer tous les partenaires sur le fait que les communautés sont fortement impliquées dans la gestion du marché. Nous sommes convaincus aussi qu’il faut continuer la communication et la sensibilisation. Les gens sont engagés et je peux dire que le marché n’est plus source de conflit, mais qu’il génère des revenus, à nous de maintenir le cap et d’assurer sa pérennité puisqu’il booste notre économie locale. Avec les recettes nous avons pu réinvestir dans d’autres domaines tels que la construction d’écoles et de trois abattages.